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20/04/2021
Reconversion : 8 bonnes raisons d'avoir les chocottes
Reconversion : 8 bonnes raisons d'avoir les chocottes BONNES FEUILLES - Peur d'une baisse de revenus, peur de se tromper, peur de l'échec, peur du changement... Voici de bonnes raisons d'hésiter à devenir entrepreneur après avoir connu le « confort » du salariat. À partir des échanges que nous avons eus, mais aussi de notre expérience, nous avons distingué 8 bonnes raisons d'avoir les chocottes avant de se reconvertir. Comme toujours, il s'agit de pistes de réflexion sur votre situation car nous le rappelons : personne ne vous connaît mieux que vous. Nous vous invitons surtout à «prendre du recul» à dédramatiser, à faire le point… puis il sera temps de voler de vos propres ailes, tel un joli papillon dans les champs. Raison n°1 : Money money money ABBA c'est dommage (on vous laisse le temps de digérer cette blague vraiment vaseuse), mais oui, vous risquez de voir vos revenus diminuer si vous décidez de changer de trajectoire professionnelle. Oui, c'est une possibilité. Non, ce n'est pas (forcément) grave, et non, on ne vous l'apprend pas, a priori. Comme chaque situation est unique, vous n'aborderez pas cette réalité de la même façon si vous êtes célibataire ou en couple, avec ou sans enfants, habitué ou non à un certain train de vie. Vous vous souvenez de nos maîtres-mots ? Sincérité et réalisme. (…) Raison n°2 : Le regard des autres Vaste sujet, et personne ne peut raisonnablement affirmer que le regard des autres, ça lui passe totalement au-dessus de la tête. Pourtant, dans votre processus de reconversion, il va falloir faire avec, ou plutôt sans. Partez d'un principe : quoi que vous fassiez dans la vie, peu importe le domaine (de vos goûts en matière de décoration à l'éducation de vos enfants, sans oublier vos choix amoureux et/ou professionnels), il y aura toujours quelqu'un pour vous expliquer que vous êtes en train de faire une énorme boulette, qu'il s'y prendrait autrement, que ça ne marchera jamais ou que la fin du monde est proche, mes frères. Il faut absolument virer cette dernière catégorie de votre entourage. Deux éléments nous paraissent essentiels, ici : le lâcher-prise et accepter le fait de ne pas plaire à tout le monde (oui, ça revient aussi au lâcher-prise). Vous avez fait sept ans d'études et décidé subitement de devenir garagiste ? Oui, et alors ? Vous avez été chef d'entreprise pendant plusieurs années et souhaitez retrouver le confort (relatif) du salariat ? Oui, et alors ? Tous vos collègues s'éclatent dans leur boulot mais pas vous, et vous sentez qu'il est temps de passer à autre chose ? Oui, et alors ? Plus facile à dire qu'à faire, c'est certain, et nous vous prions d'accepter par avance une certaine forme de naïveté, mais c'est votre vie, pas celle d'un autre. Si vous êtes en accord avec vous-même, que vous assumez vos choix, qu'ils ne font souffrir personne et qu'ils correspondent au sens que vous désirez donner à votre parcours professionnel, roulez jeunesse ! On peut dire en quelque sorte que l'on reconnaît ses vrais amis lorsqu'on leur annonce sa reconversion. Dans certains cas, vous risquez de faire un sacré tri. ( …) Raison n°3 : Et si je suis déçu ? Il est nécessaire d'éviter l'idéalisation, car non, l'herbe n'est pas toujours plus verte ailleurs. Comme disaient nos mamies, « on sait ce qu'on perd, on ne sait pas ce qu'on gagne ». Et c'est entièrement vrai. Vous allez quitter un emploi pour une nouvelle aventure, et rien ne garantit que vous ne regretterez pas votre choix dans quelques mois. Il y a néanmoins plusieurs façons d'aborder cette problématique. La première, comme nous l'avons conseillé précédemment (on rabâche, pour ceux qui auraient fait une micro-sieste entretemps), est de tester votre future activité, que ce soit par le biais d'un stage pendant votre temps libre, d'un bénévolat dans un cadre associatif ou d'une formation en interne dans votre entreprise. Vous aurez davantage de cartes en main et prendrez peut-être conscience que vous n'êtes pas si mal à votre place. La seconde est davantage une opinion personnelle : si vous envisagez une reconversion, c'est sans doute que vous estimez avoir fait le tour de votre job actuel ou que votre vie professionnelle ne vous convient plus. À notre sens, c'est le signe qu'il est temps de changer. Mesurez ensuite les risques, en prenant en compte votre entourage, pesez le pour et le contre. Enfin, posez-vous la question suivante : ne serai-je pas plus déçu de n'avoir rien tenté, et d'en être toujours au même stade dans plusieurs années ? (…) Raison n°4 : Le changement, c'est maintenant ! On vous plaint. Un peu. Vous voulez du changement, mais il vous effraie. En gros, vous vous sentez comme la toupie dans Inception : vous tournez en rond. Ca a parfois du bon, la routine : c'est enveloppant, rassurant, on sait exactement de quoi demain sera fait… mais ça ne vous ressemble pas, n'est-ce pas ? Vous vous ennuyez depuis un certain temps dans votre job, et votre reconversion est à la fois la solution et le problème. Respirez un bon coup, tout va bien se passer ! Il est parfaitement normal que ce grand saut vers l'inconnu s'accompagne d'une bonne dose d'appréhension. En réalité, tout va se jouer sur la forme que prendra votre nouvelle vie. Une bonne idée peut être de faire le point sur votre situation en listant sur une feuille (ou en tatouant le dos de la personne qui partage votre vie, si vous êtes nostalgique de Prison Break) ce qui vous paralyse lorsque vous pensez à votre avenir professionnel. Tous les psys sérieux vous le diront : avoir conscience de ses propres craintes, mais aussi de ses propres limites, est un vrai premier pas. Pour caricaturer à l'extrême, ne vous lancez pas dans la création d'entreprise si vous estimez avoir besoin de revenus constants, de cinq semaines de congés payés par an et de week-ends bien délimités. N'imaginez pas devenir épanoui en restant salarié si la simple idée d'avoir un supérieur hiérarchique, des horaires fixes et des collègues de bureau vous file un ulcère. Vous avez besoin de changement, à vous de faire en sorte qu'il corresponde le plus à vos aspirations, mais aussi à la réalité du terrain. (…) Raison n°5 : La réaction de l'entourage proche Cette fois-ci, il est question de votre propre famille : la personne qui partage votre vie, vos enfants, et même parfois vos parents. Votre chien aussi, mais sachez qu'il se fout royalement de vos choix, tant que vous maintenez le bon rythme de gratouilles, croquettes et sorties. C'est bien simple : ils auront eux aussi un avis (pas nécessairement le même, d'ailleurs) et seront impactés, de près ou de loin, par votre nouvelle vie. Et c'est à cet instant que nous sortons de nouveau notre outil magique : le dialogue, accompagné d'une forme de réalisme. Vos décisions ne seront pas les mêmes si votre conjoint a déjà un job stable, si votre petite tribu compte uniquement sur vous pour faire tourner la boutique, ou si vos progénitures sont déjà indépendantes. Parlez-en librement, posez le sujet à plat en n'oubliant aucune thématique. Votre moitié se sent-elle prête à vous voir moins souvent si vous vous mettez subitement à travailler le week-end ? Serez-vous en mesure d'assurer le quotidien de votre foyer si votre activité ne décolle pas aussi rapidement que prévu ? Le stress et l'incertitude, que vous vivrez sans doute, peuvent-ils contaminer vos proches, et seront-ils capables d'y résister ? Qui a véritablement volé l'orange du marchand ? Cela signifie-t‑il qu'il faudrait s'imposer une forme d'auto-censure en fonction de sa situation familiale ? Le changement de poste ou la création d'entreprise ne s'adressent-ils qu'aux célibataires ou aux familles d'héritiers ? Pas le moins du monde, mais un reconverti averti en vaut deux, et mieux vaut prévenir que guérir, comme dirait le type qui dévore chaque soir Le Dictionnaire des citations qui gonflent tout le monde. Enfin, pour ce qui est de vos parents, rassurez-vous : a priori, ils se sont fait une raison depuis un bon moment, et tant pis si tout ne s'est pas passé comme ils l'avaient prévu. Quelles que soient les décisions que vous prendrez, et peu importe votre âge, ils se montreront inquiets car c'est le propre des papas et des mamans, n'est-ce pas ? Raison n°6 : Echec et mat Nous avons une sainte horreur des phrases toutes faites, des mantras qui résumeraient des pans entiers de la vie, sans nuance ni possibilité de débattre. Il y en a un qui nous agace particulièrement : « Ce qui ne tue pas rend plus fort. » C'est ce qu'on vous répond parfois quand vous expliquez que vous craignez de vous planter en vous reconvertissant. « T'inquiète coco, tu apprendras de tes erreurs et tu rebondiras quoi qu'il arrive. » On répète : N.U.A.N.C.E. Allez dire ça à une personne qui a lancé sa boîte, s'est crashée au bout de quelques mois, a perdu toutes ses économies et l'amour de sa vie qui n'a pas supporté la situation. Bon, d'accord, ça fait beaucoup pour un seul homme, et ce n'est pas très gai, mais ça peut arriver. Oui, au même titre que la déception, la perte financière, le retournement de vestes de vos amis, l'échec peut faire partie de votre reconversion . Mais qu'êtes-vous vraiment prêts à accepter et à vivre ? On aime raconter l'histoire de Steve Jobs, de Michael Jordan ou de stars de cinéma qui ont essuyé revers sur revers avant d'être au sommet : c'est bien, mais on peut vous en raconter des centaines d'anonymes qui ne s'en sont jamais remis. Non, on ne veut en aucun cas vous démoraliser, mais on souhaite vraiment vous laisser le temps d'appréhender au mieux votre propre rapport à l'échec. Si l'idée en elle-même vous paralyse, songez peut-être davantage à une évolution de poste au sein de votre société. Une formation solide devrait suffire. Si elle vous effraie (et c'est normal) mais que vous souhaitez malgré tout vivre de nouvelles aventures sans risquer de rompre l'équilibre familial, il est peut-être temps d'envisager un tout nouveau métier, mais en tant que salarié. En revanche, si vous savez vous en servir comme d'un moteur et avez le coeur bien accroché, la création d'entreprise peut vous convenir. On imagine certains d'entre vous froncer les sourcils (ou un seul, si vous vous appelez Emmanuel Chain) : « Ils ont dit que la vie ne rentrait pas dans un moule, et ils sont en train de nous expliquer que si ! Remboursez les invitations ! » Soyez rassuré, on ne vous incitera jamais à rester raisonnable (sinon, nous ne serions pas là), mais, comme toujours, à réfléchir, à être sincère avec vous-même et à prendre un maximum de hauteur sur votre situation. Raison n°7 : Start from scratch1 Peu importe la forme qu'elle prendra, votre reconversion est véritablement un nouveau chapitre de votre existence. Parmi tous les témoignages que nous avons reçus, beaucoup ont soulevé une même crainte : celle de devoir tout recommencer et/ou démarrer au bas de l'échelle. En réalité, cette appréhension en mêle plusieurs déjà évoquées : le regard des autres (« que va-t‑on penser de moi si je n'affiche pas le même statut social qu'auparavant ? »), la peur du changement (la plupart de vos repères risquent d'être bouleversés) et celle d'un train de vie à la baisse. On imagine qu'une telle situation est plus facile à vivre à 25 ans qu'à 50, et qu'on l'appréhende beaucoup mieux si l'on choisit sa reconversion au lieu de la subir (licenciement, maladie, etc.). On vous rassure tout de suite : on ne repart jamais de zéro puisque chacun d'entre nous est en quelque sorte la somme de ses expériences passées, de ses rencontres, de ses victoires, de ses apprentissages et de ses plantages (oui, nous avons suivi l'option bouddhisme au lycée). Comme de nombreux blocages, tout se joue dans la tête, et votre première mission, si vous l'acceptez, sera de faire sauter les verrous qui vous empêchent d'aller de l'avant. Comment ? Tout d'abord, en faisant le point sur votre propre situation. Ensuite, en vous souvenant qu'il n'y a rien de plus exaltant que de ressentir le doux frisson de la nouveauté (ne nous demandez pas où l'on trouve ce genre de formulation, ça vient comme ça ; ça s'appelle le talent). Sérieusement, qui a envie de vivre la même journée jusqu'à ce que la mort nous sépare ? Pas vous, vous n'êtes pas ce type de personne. Raison n°8 : Le syndrome de l'imposteur « Et si je ne suis pas à la hauteur ? » Sachez-le : même Mimie Mathy s'est posé cette épineuse question une fois dans sa vie (oui, nous assumons toutes nos vannes et nous rassurons les associations de défense de tous les sujets : nous plaisantons sur tous les sujets). Si vous décidez d'opérer un virage à 180 degrés dans votre carrière professionnelle, il y a des chances pour que vous soyez confronté tôt ou tard à ce problème. Des chercheurs (qui parfois trouvent) ont appelé ce phénomène « le syndrome de l'imposteur ». Et vous savez quoi ? C'est certainement la meilleure chose qui puisse vous arriver dans le cadre d'une reconversion. Être pétri de certitudes avant de se lancer dans une nouvelle vie, penser que le monde vous attend et que vous ne risquez absolument rien est à nos yeux LA recette pour se planter. Attention, on ne vous demande pas de vous auto-flageller (à ne pas confondre avec « auto-flageolets » qui consiste à manger un cassoulet dans sa voiture), mais de ne pas débarquer en terrain conquis, peu importe le choix que vous ferez. Observez, écoutez, apprenez, faites des erreurs, apprenez encore, restez humble, apprenez toujours et faites-vous confiance. Et - y avait longtemps… - soyez sincère : si vous estimez que non, vous n'avez vraiment pas le niveau pour ce nouveau job qui vous fait rêver, sans doute n'est-ce pas le bon moment. Prenez le temps de construire votre projet, suivez des formations (cours du soir, en ligne, etc.), assistez à des conférences, échangez avec des professionnels, et le jour où vous vous sentirez prêt, faites comme Jean : allez-y ! (Oui, nous avons bouffé un clown le jour où nous avons rédigé ce paragraphe.) Alexandre Luna et Marine Baumann-Luna, auteurs de « La vie professionnelle des poupées russes ». - DR / Cherche midi Les auteurs : Marine Baumann-Luna et Alexandre Luna sont tous les deux des entrepreneurs reconvertis, cofondateurs du salon de thé L’impertinente à Lille. Ce texte est extrait de leur ouvrage «La vie professionnelle des poupées russes. Petit Guide impertinent de la reconversion » aux éditions du Cherche-midi.
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